Publications | Ouvrages
Santé Publique
mai-juin 2015, n° 27/3
Prix : 28 €
Recherches interventionnelles en sciences humaines et sociales sur le cancer
- Marc Bessin, Isabelle Bourgeois, Anne Marchand, Léa Restivo, Zoé Rollin, « Agir pour chercher, chercher pour agir : introduction aux recherches interventionnelles en SHS sur le cancer. », Santé Publique 3/2015 (Vol. 27) , p. 305-308. URL : www.cairn.info/revue-sante-publique-2015-3-page-305.htm
De plus en plus de recherches se mènent dans le champ des sciences sociales du cancer en se revendiquant de la recherche interventionnelle. Si celle-ci revêt un caractère polysémique, comme en témoignent les différentes définitions dont elle fait l’objet, elle poursuit un objectif qui peut toutefois se résumer ainsi : celui d’articuler une intervention de chercheurs visant à transformer une situation sociale concrète et la production d’un savoir nourri de ce processus. Ces pratiques de recherches impliquées peuvent être perçues, dans l’espace académique de certaines disciplines relevant des sciences humaines et sociales, comme d’un intérêt moindre, voire douteuses quant à leur scientificité, en miroir d’une recherche fondamentale qui serait, elle, « légitime ». Objet de débats et de positionnements qui varient selon les disciplines, ce rapport entre recherche et action interroge le positionnement du chercheur sur son terrain d’enquête ainsi que la relation qu’il entretient avec les partenaires de celle-ci (commanditaires et enquêtés). L’œuvre de Kurt Lewin, souvent présenté comme le père fondateur de la recherche action et figure incontournable de la psychologie sociale, se révèle une parfaite illustration de cette tradition de recherche. La recherche action qu’il conduisit durant la Seconde Guerre mondiale, à la demande du gouvernement américain, pour modifier les habitudes alimentaires des consommateurs dans un contexte de pénurie alimentaire, mêlait en effet volonté de répondre à la demande sociale et volonté de produire un savoir au sujet de cette réalité sociale alors en cours de changement. Si le champ académique de la psychologie sociale a accordé davantage de légitimité scientifique aux études expérimentales, les problématiques associées à la santé et la maladie demeurent encore aujourd’hui des champs privilégiés d’investissement de la recherche action. Le développement d’une psychologie sociale de la santé « centrée sur l’étude et la résolution des problèmes de santé dans les contextes sociaux et culturels dans lesquels ils se manifestent » témoigne de cette dynamique.
- Zoé Rollin, « Comment comprendre et faciliter le retour en classe des lycéens traités pour un cancer ? Retour sur une recherche-action sociologique. », Santé Publique 3/2015 (Vol. 27) , p. 309-320. URL : www.cairn.info/revue-sante-publique-2015-3-page-309.htm.
Cet article propose de questionner la problématique spécifique du retour en classe des lycéens atteints de cancer à partir de la réalisation d’une recherche-action sociologique, qui a rendu possible l’étude de situations inédites, générées par des interventions concrètes en milieu scolaire. Trois cas détaillés, révélateurs des résultats globaux de l’étude sont proposés pour mettre en évidence les trajectoires scolaires de ces élèves. La scolarisation de ces adolescents déroge aux logiques de l’institution scolaire française et entraîne des difficultés d’accompagnement pour les professionnels. Les figures parentales sont mises à l’épreuve dans la confrontation à la scolarisation dans le contexte de cancer et ce sont avant tout les mères qui sont fortement exposées. Enfin, les inégalités sociales devant l’école sont renforcées par l’expérience de la maladie grave, car les demandes et négociations d’aménagements sont d’autant plus complexes à réaliser que les familles sont éloignées des codes scolaires.
- Anne Marchand, Zoé Rollin, « Ce que l’intervention fait à la recherche dans un contexte de maladie grave. », Santé Publique 3/2015 (Vol. 27) , p. 331-338. URL : www.cairn.info/revue-sante-publique-2015-3-page-331.htm.
Cet article propose, par la mise en perspective de deux recherches en cours basées sur des dynamiques de recherche interventionnelle et inscrites dans le champ du cancer, de réfléchir aux effets spécifiques de cette forme de recherche. Encore souvent disqualifiée dans le champ académique de la sociologie, elle est particulièrement adaptée à l’analyse de processus en train de se faire, donnant accès à certains phénomènes inobservables autrement que par l’intervention. L’implication du chercheur, « l’épreuve » qu’il partage avec ses enquêtés et les partenariats noués avec des acteurs institutionnels sont à l’origine d’une production de connaissances scientifiques inédites, mais également de configurations parfois inconfortables.
ISSN : 0995-3914
Fiche éditeur : http://www.sfsp.fr/santepublique/pagint/affich_sommaire.php?cnumero=88